lundi 3 mai 2010

Parce que je vous jure que j'ai vraiment vu ça ce soir



J'adore les blogs.

En particulier celui de Joël Martel.

Son dernier billet est vraiment venu me chercher, dans le fond de mon foie. Tellement que j'ai voulu le commenter, ce qui n'est pas dans mon habitude. C'est pour vous dire.

Mais, bon, après 5 paragraphes, je me suis rendue compte que mon brouillon-commentaire était beaucoup trop long pour être pertinent. Fait que j'ai décidé de le transformer en post. Faut savoir choisir son médium, dans' vie.

Bien sur, je vous copie le lien vers son inspirant billet.

Allez le lire, avant de poursuivre.

Creton Concombre


***




Ah ah !

À Edmonton, ça sent toujours la bière dans les autobus. Surtout dans la 8, celle des thugs balafrés et des autochtones.

C'est comme les taxis pis leur sapins-sent-bon, mais à l'envers.

J'te jure !

Ce soir, j'ai voulu mettre de piquant dans ma vie. Fait que j'ai embarqué dans la 8 plutôt que la 143 ; elle me débarque trois blocs plus bas. Ça me dégourdit les pattes et ça permet des rencontres... étonnantes.

Mais en entrant dans le bus, j'ai vu, assis au fond, un couple ferrovipathe aux gestes pas mal trop brusques et aux yeux pas mal trop vitreux. J'ai eu peur qu'un élan psychotique les poussent à me trancher la gorge et à se doucher dans mon hémorragie.

Fait que j'ai reculé. Pis j'ai quand même pris place. J'suis pas peureuse.

Mais en face de moi et de la mère avec une poussette, y'avait ce mec. Ben saoul (ça sentait la robbine dans tout le bus). Ben sale. Ben magané.

Le gars, il avait une grosse coulisse de sang séché sur la joue gauche. DU VRAI SANG, j'te jure !

Et il essayait, entre ses hoquets, de faire rire le bébé. Guili-Guili. Ben oui.

J'peux tu te dire que la mère trippait pas pantoute ?

En tout cas. J'ai changé de bus.

***



Vendredi passé, toujours dans la 8, y'a un gars qui est monté à bord. Il était saoûl mort, il empestait la boisson, c'était chic.

Ça va toujours.

Sauf qu'après deux pas, toujours debout dans le couloir du bus, il s'est mis à avoir des nausées. Par trois fois, j'ai pensé qu'il vomissait sur le plancher. Juste en face de moi.

Faut dire qu'il était vendredi soir, 20 h. La moitié de la ville devait être paquetée, à cette heure-là.

dimanche 25 avril 2010

Parce que c'est FINI entre nous, Skippy




Vous ai-je dit que j'ai découvert un merveilleux marché italien, à Edmonton ?

Oui ?

Ah...

Bon, et dans ce marché, j'y ai trouvé, entre autres choses, du Nutella. Oh oui. À 5 piasses. Je veux dire : c'est moins cher qu'au Québec. You know what I mean ?

Je pense qu'en voyant ce pot chéri, récipient divin, ce trésor rempli de 56 noisettes grillées et d'un soupçon de cacao, toutes mes cellules nerveuse ont eu un trop plein d'excitation.

Fait que, pour canaliser mon allégresse, j'ai aussi acheté un pot de dulche de leche.

Ok. C'est promis. Je recommence le jogging demain.

Parce que si je pouvais épouser un établissement, je le ferais




Tsé, dans' vie, y'a un phénomène qu'on appelle "coup de foudre".

Ben, moi, je l'ai eu hier après-midi.

Pour une épicerie italienne d'Edmonton.

Remplie de mama colériques, bougonnes, criardes, rigolottes, rieuses, adipeuses, aimantes, attentionnées au choix des ingrédients qu'elles achèteront pour le repas de ce soir, confectionné pour leurs fils et mari adorés.

En entrant, je vous dit, je savais pas où poser les yeux. J'étais légèrement extatique. Et surtout, über-stimulée. Ce qui m'occasionne parfois des troubles de l'attention assez importants.

Fait que je me suis référée à ma raison : pour être certaine de ne rien manquer de cette caverne d'Ali-Baba, ma fille, tu vas éplucher chaque rangée méthodiquement. Sans ne rien manquer. Et tu termineras pas le comptoir à fromages. Ça marche ? 10-4.

Presque une heure trente plus tard, pour une fraction de cenne, je sors avec deux sacs pleins de victuailles pas mal gustativo-excitantes.

Ouin.

Je suis arrivée à la maison avec un pain grugé, 50 grammes d'olives en moins, une bouchée de fromage manquante, un carré de chocolat disparu. Et le coin de la bouche légèrement sali.

Pouvez-vous me croire que ce soir là, je me suis couchée bien ronde de bouffe ? Pouvez-vous me croire que je ne ferai plus jamais mon épicerie ailleurs ? Pouvez-vous me croire que j'ai consulté le code civil pour vérifier si le mariage humain-établissement était réellement interdit ?

Parce que... Jésus-Marie-Joseph !




Ma famille d'accueil nous a invitées à souper, ma coloc Nicolette et moi.

Je vous le dis, ils sont vraiment adorables.

Devinez ce qu'on a mangé ?

Ah ah ! Vous l'avez eu. Du roastbeef. Avec des patates. Du maïs. De la sauce brune. Pis du pain fait maison avec la nouvelle machine à pain de Lynn.

C'était vraiment bon. Quoi qu'assez lourd. Mais là n'est pas le point.

Non, parce que le point, il arrive à peu près 5 minutes avant ça.

Mon père d'accueil, Ed, demande à sa fille, Rachael, de dire les grâces. Genre, la prière d'avant repas.

Elle rougit, et dit non.

Moi, je pensais que c'était une blague, donc je ris un peu. Comme tout le monde autour de la table.

Le hic, c'est qu'on ne riait pas pour les mêmes choses...

Puis, Ed demande à Nicolette de prononcer les grâces.

Elle dit : "Ok" et tout le monde joint ses mains, baisse la tête et écoute.

"Father, we love you and praise you. Thank you for the food we are about to receive. Thank you for the hands that prepared it. Bless this time of fellowship together. In Jesus Name. Amen."


J'ai été sous le choc, réellement. Non pas que je trouve cette pratique de prier avant de manger inutile, juste que... je pensais pas que ça existait encore !

En fait... oui je savais que ça existait encore. Mais jamais j'aurais pensé en être un aussi proche témoin.

Ouin.

Mais le pire, c'est que j'étais tellement sous le choc que j'ai oublié de dire Amen et de faire le signe de croix. Je pense que je me suis faite dévisager. Un peu.

Choc culturel, on disait ?

Parce que des truckers loquaces, c'est pas si facile à trouver




Il était une fois, un topo.

Sur un projet de loi nommée 16.

Qui veut interdire toute forme de distraction au volant. Du cellulaire au maquillage.

Vous voyez le portrait ?

Bon, alors en bonne journaliste, je brainstorm avec mon camérama Brent sur la question : qui cette possible loi affectera-t-elle ?

1- Les automobilistes (c't'évident)
2- Les truckers (.......... mah !! OUI !)

Et ma réflexion s'arrête ici, au mot trucker. Parce qu'on en convient tout les deux : ce serait cool de partie à la chasse au trucker. Les truckers vont certainement être affectés par cette nouvelle loi. Et on veut leurs commentaires.

Brent connaît bien Edmonton. Et de fait, il sait où aller pour trouver des essaims (!) de camioneurs bien loquaces.

Mais bon, je sais pas trop ce qui se passait ce midi-là. Aucun 10-roues au Humpty's. Aucun 10-roues au McDo. Aucun 10-roues à cet endroit dont j'ai oublié le nom mais qui, de l'extérieur, évoquait le : "Bienvenue aux truckers".

Jusqu'à ce qu'on prenne ce tournant, dans le quartier industriel. Là, je vois quatre 10-roues alignés sur le bord de la rue, en file indienne.

Et dans le deuxième camion, je vois cet homme, seul, assis derrière son majestueux volant de deux pieds de diamètre, tous moteurs arrêtés, mangeant son double-cheese bien dégoulinant.

"Wow, Brent ! On l'a ! Y'était temps, je commençais à penser qu'on en trouverait pas."

"Va le voir, je te suis"


Je sors de la camionnette Radio-Canada, je m'habille de mon sourire le plus convaincant, et je lui demande s'il est prêt à nous donner ses commentaires sur le projet de loi 16.

"I-I-I-It-It-It's... w-w-w-we-we-we-well, I-I-I-I-I wou-wou-wou-wou-wou-would rea-rea-rea-rea-really like it, b-b-b-b-b-b-but I d-d-d-d-don't th-th-th-th-th-think it-it-it-it wou-wou-wou-wou-wou-wou-would be good on te-te-te-te-tele-tele-television."


Le pauvre. Il est bègue.

'Stie.





***





Je tiens à préciser que ledit camionneur avait l'air super sympathique. Vraiment. Il semblait réellement désolé de ne pas pouvoir nous donner d'entrevue.

Mais bon, le hasard fait parfois bien les choses.

Cette même journée, pendant cette même chasse, juste après avoir lancé la phrase : "bon, si y'a pas de camionneurs ici, on abandonne", on est tombés sur Donald, un trucker originaire d'Ontario... et qui parlait français.

Que demander de mieux quand on travaille à Radio-Canada Edmonton et qu'on est en constante recherche de francophone ?

Tsé.

Je me répète : le hasard fait bien les choses.

lundi 19 avril 2010

Parce que c't'une affaire de mangeux de barre tendre


Ça s'est passé y'a a peu près une semaine.

Dans ma cuisine.

Avec une boîte de carton entre les mains.

"Lynn. Y'é où votre bac à recyclage ?"

" ... "

"Ben oui, pour mettre ma boîte de carton dedans ?"

"..."

"...?"

"Oh... On a pas ça, ici. T'as juste à le mettre dans la poubelle. "


Je vous dit, j'ai ben failli avoir une crise d'épilepsie. Pis une appendicite. Pis un souffle au coeur. Pis de l'emphysème. Pis une hépatite. Tout ça en même temps. Tellement j'étais surprise.

Je pensais même qu'elle me niaisait.





Pis aujourd'hui, quand j'ai annoncé à Ed (mon père d'accueil) que j'étais allée dans le nord de l'Alberta pour mon reportage, il m'a dit : "Oh ! Avec les Red Necks !"

Ouin. Fait que je me suis dit : c'est drôle comme commentaire, venant de ta bouche.

J'te gage que ces gens du nord, ils pitchent leurs déchets de cuvette par la fenêtre, dans le caniveau ?



Sacrés Albertains.

Parce que j'pense que je fais pitié



Faire des bords de pantalons, c'est poche en tabarouette. Surtout quand t'es du type "botcheux" pis que tu recommences quatre fois.

Jusqu'à ce que ta coloc (qui sait coudre) te prenne en pitié pis vienne t'aider à prendre tes mesures.

(À ma défense, le site sur lequel je me suis fiée était pas ben ben clair)

"*Sigh*"

"Qu'est-ce qu'ya ?"

"Je suis écoeurée. Ça fait trois fois que je recommence mon bord de pantalon parce que la jambe droite est trop courte"

"Avec quoi tu mesurais" ?

"Ben, à l'oeil"

"Ok. Ça te tentais pas de prendre un ruban" ?

"T'es une p'tit vite, toé. Ça paraît que t'étudies en sciences"


(Bon, je paraphrase. Ma coloc parle pas français. Pis elle n'était pas accusatrice quand elle m'a offert son ruban à mesurer. Ni quand elle a pris elle même les mesures, après qu'elle ait remarqué que j'avais pas ben ben de talents manuels.)

Reste que je pense que je fais pitié.




***






Hier, c'était dimanche. Pis ça le dit dans le nom : dimanche = faire des choses dépressives. Comme des bords de pantalon.

Fait que à 4 heures, j'étais en train de refaire pour la quatrième fois l'ourlet de ma jambe droite.

Et là, le téléphone sonne.

"Bi bou / Bi bou/ Bi bou (ma sonnerie est ben fashion) Oui allô ?"

"Salut Cybelle ! C'est Évelyne. Ouin, je lisais ton blogue cet après-midi. C'est bon. Pis, au post sur le beurre de pinottes, je me suis dit "Eille, c'est vrai ! elle est pas payée pendant son stage". Fait que je me suis dit que je l'inviterais à souper. Ça te tente tu de manger de l'orzo ?"

"Ah ah ! En autant que ça soit pas de la pitié... ben oui ! Ça me tente !"


Je savais pas pantoute c'était quoi de l'orzo, mais Évelyne est fine pis j'aime ben ça manger des nouvelles choses.

Fait que j'ai dit oui. J'ai mangé un bon repas. J'ai passé une belle soirée. J'ai écouté un (moyen) bon film. Pis j'ai eu ben du fun.

Reste que... je pense que je fais pitié.